Lettre d’Anne Hidalgo aux Parisiens et autres mécontents. #jesuisunevoiesurberge, Dieu

« Chers Parisiens, En vous écrivant aujourd’hui, j’ai conscience de donner à votre petitesse d’esprit une notoriété qu’elle ne mérite guère.

Je vais être claire : j’ai été élue pour rendre Paris aux Parisiens, redonner de l’espace à la nature, pouvoir sentir à nouveau l’odeur des herbes vertes au printemps, annihiler la tyrannie des bouchons, des voitures et autres deux-roues.

Je ne veux plus entendre le moteur des automobiles.

Je veux écouter le battement des paillons en buvant mon Nespresso matinal.

Vous vivez loin?

Vous êtes banlieusard?

Tant pis pour vous.

vous devrez prendre les transports comme tout le monde.

Vous n’êtes pas cul-de-jatte et la pédale, ce n’est pas fait que pour les habitants du 3ème.

Sachez que je ne compte pas sur vos voix pour être réélue.

Sachez que si vous êtes trop pauvres pour vivre avec vos familles dans la capitale mondiale du luxe, vous ne pouvez en être un représentant.

Comme tout le monde le sait, j’ai les écologistes en amour.

Ils sont brillants.

Ces gens pédalent autant qu’ils réfléchissent.

Et comme je l’avais dit un jour de sortie de boite, « je veillerai comme maire à ce que chaque avancée nouvelle soit une avancée universelle ».

Et bien chers Parisiens, je vous écris pour vous annoncer une bonne nouvelle : je rendrai à Paris l’espace que les naturistes doivent avoir dans la plus belle capitale du monde. Je veux qu’une partie des voies sur berges, celles jonchant le ministère de Bercy, soit une réserve naturiste. Vous pourrez y venir comme vous êtes, sans reproches, sans vergogne, nus comme un animal, aimer pour aimer, bronzer pendant les deux mois ensoleillés que nous offre notre magnifique écosystème.

Ainsi, chaque personne souhaitant se dévêtir face au fisc pourra montrer la raie de son cul au ministre en exercice.

Et cela sans étiquette politique.

Cette idée, je ne l’ai pas eu seule.

Je l’ai eu grâce à deux conseillés écologistes dont je suis proches.

En ce qui concerne les attaques régulières dont je fais l’objet, je ne répondrais pas aux chroniqueurs et journalistes mécontent.

Je suis élue par le peuple de Paris.

Vous n’êtes que des scribouillards banlieusards.

Allez donc renifler à plein poumons l’air de la centrale nucléaire de Nogent ».

Dans son bureau, Anne Hidalgo caresse son panda fétiche tout en relisant sa lettre adressée aux Parisiens.

La veille, la maire de Paris avait lu un article intitulé « notre drame de Paris » qui lui avait franchement déplue.

L’ex petite Andalouse n’avait que faire de ces journalistes mécontents de sa politique, quand bien mêmes étaient-ils rejoint par une grande majorité de ses électeurs. « J’ai une vision. Dieu est écologiste et il me susurre à l’oreille. Personne ne me l’enlèvera. A bon entendeur. Anne Hidalgo», écrivit-elle en guise de conclusion en bas de son billet destinée à un grand quotidien national.

Au moment où elle glissa sa lettre dans l’enveloppe, un bruit sourd retentit derrière elle.

Elle bondit de son fauteuil et lança un regard apeuré vers un homme étendu sur le sol, écrasé par un énorme ficus.

– Bordel de merde ! gueula-t-il. Mais pourquoi les Hommes aiment-ils autant ces plantes aussi dangereuses !

La maire prit une profonde respiration pour reprendre un semblant de dignité.

– Qui êtes-vous? Que faites-vous dans mon bureau? Je vais appeler la sécurité, dit-elle menaçante.

L’homme ne semblait guère inquiet.

– Il faut vraiment que j’essaie de soigner mes entrées, se dit-il à lui même à haute voix tout en s’époussetant.

L’homme avança vers Anne Hidalgo d’un pas si léger qu’il semblait survoler le parquet lustré.

– Je suis désolé. Mais ces plantes ressemblent à des armes. Je ne m’y fais pas.

L’individu ne semblait pas agressif. Mais il se dégageait de lui une forme de quiétude rassurante.

En femme énergique, et ex amante du président de la République, Anne ne se laissa pas berner par cette forme d’aura. Elle prit son téléphone qu’elle pointa sur le type.

– Qui êtes vous ? répéta-t-elle.

L’homme sourit.

– Je suis l’archange Gabriel. Dieu m’a demandé de t’apporter un message.

Croyante de par sa mère, mais sceptique de par son père, Anne mit peut de temps à composer le numéro de la sécurité.

– On m’avait prévenu que tu ne me croirais pas. Les femmes ne changeront jamais. Il faut toujours tout leur prouver.

Gabriel sortit alors un poignard de sa poche intérieur et, d’un coup sec, se l’enfonça dans l’oeil.

– Ah! Hurla la mairesse pendant que l’autre souriait de plus belle, tout en sortant un autre canif pour se l’enfoncer dans l’autre oeil.

– Arrêtez ! Mais vous êtes dingue !

Elle appela les vigiles à la rescousse.

– Non Anne. Je ne suis pas fou. Mais comme tu le vois, je suis immortel. Dieu m’a demandé de t’apporter un message. Moi je suis le postier, alors si tu veux bien juste m’écouter un peu, on pourrait y voir plus clair.

– Mais vous… vous n’avez pas mal?

– Non, non. Je fais cela souvent. Dieu m’a demandé de vous apporter un message.

Un couteau dans chaque oeil, Gabriel s’assit sur une chaise tout en retroussant son pantalon pour ne pas le friper.

Anne regarda Gabriel. Il ne saignait pas et ne semblait souffrir d’une quelconque manière.

– Bon, je sais que votre temps est précieux. Le mien aussi. J’ai une série de rendez-vous. Je dois filer chez Ayrault lui botter le cul dans un quart d’heure. J’ai prévu de passer par la gouttière mais je n’ai pas eu le temps de repérer le chemin, alors si on pouvait abréger le côté « je suis sceptique et Dieu est un proprio qui n’habite pas l’immeuble », je t’en serais fort gré.

La femme réfléchit. Son côté maternel prit le dessus.

Elle téléphona aux vigiles (tout en se disant qu’ils étaient d’une lenteur accablante pour un pays en Etat d’urgence) et s’assit face à ce drôle de type.

Le bureau entre eux donna à ce rendez-vous impromptu une sorte de formalisme rassurante pour la brunette.

– Je vous écoute, dit-elle.

– Dieu refuse que tu postes cette lettre. Et il ne veut pas que tu fermes les voies sur berge.

– Pourquoi?

– Il a du mal à traverser Paris à l’heure de pointe. Il met deux heures pour rejoindre Notre-Dame depuis Versailles. Il est saoulé. Et puis, il trouve que cela ne se fait pas d’écrire une telle lettre à des gens qui souffrent.

– Dieu roule en voiture? s’écria-t-elle comme si elle venait de recevoir une claque.

– La plupart du temps il lévite où bien il transcende. Mais en ce moment, il réalise une étude de marché sur les besoins fondamentaux de l’être humain. Il a besoin de se confondre avec le peuple. Alors oui, il il roule dans une smart. Mais il n’utilise pas de carburant.

– Il utilise quoi? Et puis d’abord, vous ne pourriez pas retirer ces couteaux de vos yeux, c’est très désagréable à regarder.

– Secret de fabrication, dit-il tout en attrapant un couteau dans chaque main pour les retirer d’un coup sec. Puis, il les lança à travers la pièce. Ils firent des rotations sur eux-mêmes avant de s’enfoncer dans le mur situé à l’extrémité de la pièce.

La maire était horrifiée. Elle faisait désormais face à deux orbites creuses laissant échapper deux faisceaux lumineux.

– J’ai mis les codes, dit en rigolant l’archange.

Hidalgo se prit la tête entre les mains.

– Je ne peux pas reculer. J’ai promis à mes électeurs de faire baisser le nombre de voitures. Je ne veux pas leur faire faux-bond.

– Le concept de promesse est très abstraite chez les politiques, à l’exception de deux denrées bien particulières : les idées liberticides et le don d’organes animaux.

Vous n’avez qu’à garder l’idée des naturistes, mais vous les collez sur les Champs-Elysées. Ca serait une promesse forte et innovante.

– Si c’est Dieu qui le demande…

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