Gilets-jaunes vs Macron: l’estime de soi

Autant l’avouer, je suis allé sur un rond-point discuter avec les « gilets-jaunes ». En réalité, j’y suis allé plusieurs fois. D’abord à cause d’un bouchon généré par leur engouement, ensuite pour partager une saucisse.

L’idée m’est venue qu’une opinion, pour prospérer, doit adhérer à une majorité.

Pour une idée, telle que la politique, la religion, on se doit de penser comme la majorité de ses voisins sous peine de subir le courroux dans sa position sociale, dans les affaires, à Matignon ou bien sur un rond-point. 

Je suis convaincu qu’un jugement indépendant, mûrement réfléchi que ce soit sur la nourriture, les valeurs sociales, la mode, la musique, la littérature et bien d’autres chosesest quelque chose d’extrêmement rare, si cela à déjà existé. 

Penser « à-côté » n’existe pas. On finit toujours attablé avec quelques marginaux et l’on finit toujours pas rejoindre une communauté.

Prenons la mode des bottes recouvrant le bas d’un pantalon. La gangrène est apparue il y a dix ans inoculée à l’origine par des vedettes de cinéma. Au départ, les passants ignoraient les femmes ayant succombées à la mode. Les plus irrévérencieux se gaussaient.

Qu’en est-il dix ans plus tard? Plus personne ne rit, la mode est établie, admirée et dupliquée chez les hommes.

Pourquoi un tel revirement de situation? L’indignation était-elle réfléchie? L’admiration était-elle réfléchie? Non.

L’instinct qui pousse à la conformité a fait son oeuvre. 
La conformité fait partie intégrante de notre condition. Et pourquoi? A cause de l’estime de soi.

Une femme rechignant à enfoncer son jean dans ses bottes ne pouvait lutter plus longtemps pour une seule et bonne raison : elle recherche de l’estime des autres. 

L’estime de soi trouve donc son moteur dans l’estime des autres. 
Prenons une star de la mode. Au hasard, une femme aussi élégante que Kim Kardashian. La femme de Kanye West est une célébrité reconnue du petit écran passée à la notoriété internationale suite à son mariage. Elle est devenue une référence. Son influence en fait donc une icône mondiale.

Une femme reconnue pour son autorité et son goût vestimentaire. Quel en est le résultat? Elle a été copiée par de pseudos stars puis démocratisée dans nos rues ( exemple : https://www.aufeminin.com/news-style/cette-blogueuse-copie-les-looks-de-kim-kardashian-et-fait-le-buzz-sur-instagram-s348530.html). 
Elle a osé des tenues improbables, dans des matières animales à peine décédées, et elle a toujours été copiée. 
Les influences extérieures fondent toujours sur nous, et nous finissons toujours par en accepter les ordre et nous en acceptons les jugements. 
En politique, le monde entier a envié la jeunesse de Justin Trudeau, le premier ministre canadien. Et la France a voté pour Emmanuel Macron. 
Pourquoi? 
Parce qu’une forme d’estime lancinante se généralise dans l’opinion publique et que l’opinion publique se nourrit exclusivement des influences et de l’atmosphère ambiante, et non par le biais de l’analyse et de la réflexion. 
Un homme – une femme – se doit d’obtenir sa propre estime avant toute chose, à chaque instant et à chaque moment clef de sa vie. En général, l’estime de soi provient de l’estime des autres, de ceux qui gravitent autour de soi. 

C’est ainsi que se nourrit l’égo. 
Réfléchissons. 

Pourquoi est-ce que les convertis musulmans sont musulmans? Pourquoi est-ce que les catholiques sont catholiques? Les mormons sont mormons? Les socialistes sont socialistes? Les extrémistes sont extrémistes? Les obèses sont obèses? Les journalistes récupèrent les mêmes informations d’un média à l’autre? Les gens s’arrachent des doudounes l’hiver? Les gilets-jaunes portent des gilets-jaunes? 
C’est une question d’associations de sympathies, pas de réflexions et d’analyses. 
Dans la majorité des cas, c’est inconscient, ce n’est pas calculable. 
C’est le désir humain de s’associer, de trouver des points d’encrages dans sa propre estime de soi dans l’estime de l’autre. Les gilets-jaunes ont des souffrances « de proximité » facilement transposables d’un rond-point à l’autre, d’une ville à l’autre, d’une région à une autre, d’un pays à l’autre. Ce n’est pas pour rien si l’on retrouve des gilets-jaunes en Allemagne ou en Turquie.

Et Macron dans tout cela? 
Si l’estime de soi réside donc dans l’estime de ses semblables, le raccourci entre le Président et les puissants seraient d’une facilité intellectuelle déprimante non?
Les hommes politiques pensent avec leur parti, pas indépendamment. Ils lisent les théories propres à leurs idéologies. Ils arrivent à des convictions, mais elles proviennent d’un point de vu partial et partiel. Ils sont heureux dans l’estime de leur parti, et donc de leurs semblables. 

Or, un président, aussi visionnaire soit-il, se doit de chercher l’estime de son peuple, pas de ses théologiciens.
J’ai parlé avec les gens des ronds-points. 
J’ai parlé avec certains membres de Larem. 
J’ai sorti mon gilet-jaune. Je l’ai posé sur le tableau de bord de ma voiture. J’ai écouté Emmanuel Macron.

Je me suis posé des questions. J’ai réfléchi.

Et je ne suis arrivé à rien. 
Nous avons tous en permanence des sensations, que nous prenons par erreur pour des pensées. Dans un monde globalisé, où nous importons nos tee-shirts de l’autre bout de la planète pour des sommes modiques, où nous polluons à tel point que cela ressemble à un suicide collectif, où l’être humain se fantasme en quintessence de l’espèce « animal » alors que l’Histoire démontre que nous ne sommes que des parasites – des champignons – bouffant son habitacle, la guerre du fric semble dérisoire.
De tous ces combats, nous en tirons un agrégat que nous appelons « aubaine« .

Cette aubaine, on l’appelle l’opinion publique. D’autres la nomme tout bonnement la Voix de Dieu.

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