
La SNCF, au travers de son directeur général OuiGo, Stéphane Rapebach, a réinventé la bétaillère du 19eme siècle avec un soin tout contemporain.
Tout d’abord le train – Si vous voulez une définition du mot sale, asseyez vous sur leurs banquettes. A croire qu’ils frottent des chiens trempés sur les sièges pour incruster des poils. Quant à l’odeur… Ont-ils un partenariat avec l’institut médicaux-légal de Paris pour y entreposer des cadavres la nuit? Ça pue. Une infection. A tel point qu’il faut quasiment brûler ses fringues du jour pour éradiquer les potentielles maladies. Si un jour Ebola contamine la France, le virus tueur prendra sûrement le OuiGo.
Le tissu utilisé pour les sièges est urticant. J’ai eu le malheur de voyager en tee-shirt alors qu’il m’aurait fallu une cape pour protéger ma peau de tout contact physique avec leurs sièges. Mes avants-bras ont commencé à me gratter. Puis des plaques rouges sont apparus. J’ai du voyager les bras levés tout comme ma voisine de labeurs. Nous aurions dû improviser une danse en l’honneur du mobilier OuiGo, mais nous étions en panne d’inspiration.

L’attente – attention! On ne monte pas dans un OuiGo comme ça. Ça se mérite la bétaillère. Il faut prévoir le retard. Les voyageurs étaient en fil indienne entassés à la Gare de Montparnasse à Paris. Les enfants pleuraient, les personnes âgées titubaient, les hommes pestaient, les femmes semblaient rêver d’un monde moins violent, tous suintaient. Les plus courageux s’asseyaient, se faisant enjamber dédaigneusement par d’autres voyageurs. Le bétail chez Charal est au moins hydraté lors des fortes chaleurs. Pas à la SNCF. Quelle trivialité!

Le personnel – Alors là, c’est le pompon! On pourrait penser que l’homme, cet animal social vivant en communauté capable d’atteindre la lune puisse caresser d’une main rassurante le visage du pauvre voyageur tombé dans la dépression songeant à mettre fin à ses jours. Que nenni! N’ayant jamais utilisé le OuiGo de monsieur Stéphane Rapebach, j’ai bêtement demandé à une employée de la SNCF où se trouvait ce fameux train. Elle n’a même pas pris la peine de me regarder. Elle a pointé du doigt une file d’attente longue de 40 mètres et m’a dit d’un ton dédaigneux:
« Là. Faites la queue comme tout le monde ».
« Vous êtes aussi ravissante que polie », ai-je rétorqué.
J’ai échangé avec d’autres employés OuiGo.
J’ai le sentiment que l’indignité de ce train à la couleur Canard-WC de fond de cuvette donne le droit aux salariés de la SNCF d’humilier ses voyageurs à moindre coût. Comme si cette barbarie de contingences physiques et financières adoubait leur comportement et leur conférait une sorte de mépris de classe.
« Tu ne vaux pas mieux qu’un OuiGo? Alors assied toi, transpire et chope le typhus ».

Le voyage – Dans mon cas, j’ai eu de la chance. Je suis arrivé à destination avec 1h59 de retard. A une minute près, la SNCF me remboursait la moitié de mon billet. Je ne peux prétendre qu’à 25%. Mais est-ce assez au pays des droits de l’homme, de Voltaire et de Rousseau?
Impitoyable dictature que celle de la sncf.
N’implorez d’elle ni charité, ni indulgence, ni élasticité dans l’application de ses obligations si vous pénétrez dans le monde de OuiGo.
Conclusion – En réalité, il ne s’agit ni plus ni moins que d’une descente aux enfers et d’un retour au vulgaire. La sncf était une belle entreprise. J’imagine très bien messieurs Pepy et Rapebach dîner aux chandelles un soir d’avril. Monsieur Rapebach sort un classeur de son attache-case et montre ses bons chiffres au PDG qui lui rétorque en sirotant son vin millemisé : « ah! Que serait notre si beau pays si notre économie ne pouvait plus arnaquer les ploucs? »