Qu’est ce que l’amour pour un surefficient mental – la lettre de mon ami Eric

Chose rare, on m’a écrit des mails afin de me demander d’écrire un papier sur l’amour. Enfin… Pas à moi directement. On m’a demandé d’en parler à Éric. J’ai donc dû sonder l’esprit de mon ami afin d’avoir sa vision sur l’amour. 

J’avoue ne pas exceller en la matière (et lui non plus). Mais quand il s’agit de faire plaisir un 5 janvier, je ne dis jamais non. 

Mon cher Saul, 

Je lis ta missive avec gourmandise. 

Tu me souhaites une bonne année, puis tu enchaines sur la question la plus gênante du monde :  qu’est-ce que l’amour? 

Penses-tu que j’en sache réellement plus que Platon, Shakespeare, de La Rochefoucauld, Nietzsche, Hugo, Diderot, Sartre, Balzac, Kierkegaard, Proust, Camus, Rousseau, les chats et les autres? 

Ta capacité d’analyse est aussi fétide que ton haleine ce matin. 

Et puis, je te rappelle que tu en as déjà beaucoup parlé dans précédent article. 

Je vais tenter d’éclairer tes lanternes, même si tu plafonnes à 40 watts. 

Avant de parler de moi, posons le postulat de base. 

Amour, en grec, c’est « Pathos » – souffrance. 

Donc, ça commence bien. 

Les scientifiques ont également beaucoup parlé de l’amour. Ils ont même établi six comportements qui font consensus. 

1 – L’amour est le ciment du couple. Évidemment. 

A – Il existe l’amour passionnel : une forme d’amour magique, mais éphémère. On se brûle dans l’incandescence des sentiments. C’est chaud. 

B – L’amour dominé dominant. On n’est pas loin du fer à souder nocturne pour coller les paupières du soumis. 

C – L’amour platonique. Un amour attentionné et tendre qui écarte toute considération intime et charnelle dans le couple. Un amour chaste et pur. Amen. 

D – L’amour inaccessible. C’est autodestructeur. Par exemple, Jean-Pierre tombe amoureux de Tatiana, rencontré sur un site de rencontre, elle vit en Russie. Ils échangent longuement. JP tombe In Love. Et en réalité, Tatiana s’appelle Youri. 

E – L’amour tendre. C’est l’inverse du passionnel. C’est un amour de vieux. On cherche le calme et la sérénité, sans fusion des corps. 

F – L’amour charnel. Là, il y a du cul et de l’attention. Les attraits physiques et le sexe sont une part importante du couple. 

G – L’amour conflictuel. C’est l’avis de tempête permanente. Ça gueule, ça crie, mais c’est inconditionnel. 

Toutes ces formes d’amour ont une composante commune : elles doivent unir dans la durée grâce à la complicité, la confiance mutuelle, la tendresse, la capacité à aimer même quand notre partenaire nous déçoit un peu.

2 – Le sexe

Ne t’amuse pas à mettre un GIF avec un énorme sexe, je trouverais cela extrêmement déplacé. 

Il n’empêche. 

Plus il y a de sexe, plus ce sont comme « des vacances réussies »

En l’amour, on conserve du désir pour l’autre dans ce qu’il a de plus charnel. Il faut désacraliser la sexualité, c’est une technique de bien-être. Son amélioration peut apporter beaucoup de choses positives dans un couple. Dans un couple, il faut que les deux aient la même vision du sexe sous peine de frustration. 

3 – Être le meilleur ami de son partenaire

C’est une évidence. Il faut prendre la place du confident, du complice, et même plus : devenir le fan inconditionnel de notre conjoint face à toutes les petites et grandes difficultés de l’existence.
L’amour est aveugle et cet aveuglement aide à restaurer l’estime de soi. Pour entretenir cette estime et être fan, il faut s’intéresser aux passions de son partenaire. L’encourager dans ses désirs, ses projets, ses malheurs, partager ses joies. Réfléchir ensemble. Noyer ensemble, dans ses ivresses, les tristesses, les douleurs, enchanter les joies et les rires.

4 – S’accrocher jusqu’au bout

La vie est mouvementée. Les hormones aussi. Une insatisfaction momentanée peut-être effacée par l’avenir. Tout est une question de fluides, de temps, d’observations et d’intérêts.  

Maintenant, approfondissons un peu plus. Tu voulais mon avis? Voici quelques pistes de réflexion. 

L’amour doit être inépuisable et pleinement satisfaisant. Elle ne prend pas en compte uniquement les rapports sexuels, mais elle comptabilise les moments d’enlacement, de regards, chaque pensée échangée, chaque contact. Notre vie physique et sensorielle se dilate, s’aiguise. Tout est chargé d’une intensité érotique, mille fois supérieure à celle d’un « rapport sexuel » ordinaire. C’est la conjonction de la complicité, des jeux, de l’intérêt pour l’autre qui démultiplie ces sentiments. 

Comment grandit l’amour? À travers une série d’épreuves.

Des épreuves que nous nous imposons à nous-mêmes, des épreuves que nous imposons à l’autre des épreuves que le système extérieur impose. Nous avons besoin de nous « rassasier » de l’autre. Quelques-unes sont cruciales. Si elles sont surmontées, l’amour progresse sous le régime des certitudes quotidiennes que nous appelons l’amour. Si on ne surmonte pas ces épreuves, quelque chose d’autre survient : le renoncement, la pétrification ou le « désamour ».

Quelle que soit la manière dont vont les choses, ces épreuves, elles nous paraissent, en cas de réussites, rétrospectivement, légères, presque un jeu.

D’ailleurs, les écrivains n’ont-ils pas joué de cela? La mystification. L’état amoureux s’articule autour d’un langage sacré, résultant de l’ensemble de mouvements mystiques. Chez Rémi Dieu, chez Dante une transfiguration mystique de la femme, chez Neruda et Quasimodo la patrie, la fraternité, l’amitié.

Pour ma part, il faut que je te rappelle mes travers et mes « atouts ». Un surefficient ne fonctionne pas comme tout le monde parait-il.

J’ai la larme facile. Je peux pleurer pour un rien (un film, une musique, une discussion…).
Je suis très susceptible.
J’ai besoin d’aider les autres. J’ai mal aux autres.
J’ai un solide sens de l’humour et une imagination débordante.
J’ai une hyperesthésie (pénible).
Je vois des couleurs.
Je suis curieux.
J’observe avec minutie les endroits où je vais, dans les détails comme dans la globalité.


J’ai de nombreux centres d’intérêt et j’adore switcher de l’un à l’autre. Et j’aime effectuer plein de tâches en même temps (là, je t’écris tout en corrigeant un manuscrit et je fais un coup de ménage en découvrant des musiques par genre et je les classe par ordre de tempo bluesy).


Je peux me concentrer pendant huit heures sans fatiguer sur une tache qui me passionne, mais je suis épuisé au bout de trente secondes si l’intérêt est faible.
Je suis intolérant à l’ennui, la monotonie et je déteste les taches répétitives. J’ai besoin de challenges, d’horizons nouveaux notamment professionnels. Et j’ai horreur de la non-perfection lorsque je m’engage dans un truc qui m’importe.

Quand je réfléchis à un problème, on m’a expliqué que j’avais une pensée « divergeante ». « Je traite une information donnée en activant plusieurs zones simultanément au lieu d’une seule, spécialement dédiée à la tâche à effectuer. »
J’ai besoin d’être stimulé en permanence, surpris, gentiment bousculé
Je suis idéaliste, mais je suis lucide. C’est cet antagonisme qui me rend malheureux parfois. Je ne pourrais jamais atteindre mes idéaux, notamment lorsqu’ils sont globalisés où qu’ils engagent une tierce personne qui n’a pas la même sensibilité que moi.

J’ai le sentiment permanent d’être un imposteur. Certes, je suis excellent, parait-il, dans ce que j’entreprends. Mais je n’y crois pas.
Je peux m’autodétruire, comme les messages dans Mission Impossible. Je fais très attention à l’alcool. Je ne supporte pas la réalité, mais je m’astreins à la regarder.


J’aime l’art. Je suis autodidacte. L’écriture ou bien la musique me permettent de m’extraire du réel.

Je peine à m’ouvrir aux autres. J’ai peu confiance dans l’autre. L’autre est un ennemi qui ne comprend rien.
Je souffre d’une mauvaise estime de moimême, d’un manque d’assurance et d’une grande vulnérabilité face aux critiques et blessures émotionnelles.
J’ai besoin d’apprendre, innover, d’être soutenu, compris, épaulé, accompagné. J’ai besoin de me rassasier dans des activités qui m’angoissent souvent du fait de ma crainte de ne pas réussir.


En ce qui concerne les rapports à la sexualité, beaucoup de Zèbres ont une libido plutôt faible. Enfin… Selon les études.

Moi, non. C’est plutôt un moyen de lâcher prise. Un exutoire susceptible de devenir addictif. Ça soulage l’intellect – même si je suis stupide-. J’ai lu que parmi mes « compatriotes cérébraux », certains tombaient dans une forme d’hypersexualité ou une attirance pour les sexualités dites périphériques tels que le BDSM. Je comprends parfaitement. C’est dû à ce que j’écrivais plus haut : l’autodestruction, le comportement addictif conduisent à des tendances comportementales hors normes. 

Beurk

Je terminerais par cela : chez un haut potentiel tout est exacerbé, sentiments, sensations, émotions, il ressent tout, voit tout, comprend tout de façon instinctive et globale. Son cerveau, essentiellement l’hémisphère droit, est fondamentalement et structurellement différent. Ces philocognitifs sont en constant besoin d’analyser, se posent des questions sur tout, sont facilement inquiets et anxieux, en demande d’attention, de rassurance, ce qui complique beaucoup leurs relations. Leur hypersensibilité qui peut toucher différents domaines : olfactif, auditif, tactile et surtout émotionnel, leur permet alors de vivre intensément leurs relations amoureuses, à condition toutefois de la partager avec « la bonne personne ».

En gros, j’espère avoir éclairé ta lanterne. Au final, c’est plus complexe qu’avec les « normo-pensants » mais l’amour reste l’amour. Et dans sa structure même, et ses effets, il y a beaucoup de similarité avec nos chers 80%.

Bises

PS : J’ignorais que tu faisais le courrier du coeur.


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