Histoire de voisinage : le chat de la discorde 

Après avoir reçu ce courrier de la part de voisins, voici une réponse adéquate. 

Versailles, 04h23
« Miaou,

Miaou miaaaooouu! Miaou, miaou, miaou. Miiiaaou, miaou, rrrhhhoohrrhhhoooo. Rhhhooo. rhorhorhorhorho, miaou, rho, miiiiiaaaaooouuu.

Miaou. »
Madame, monsieur,

Veuillez excusez notre chat qui a souhaité introduire notre courrier.

Dans un soucis de compréhension et de traduction, je me permets de vous retranscrire ses propos avant d’énoncer les nôtres.

« Bonjour,

Qu’il était bon de sentir un peu de liberté! Je m’excuse d’avoir utiliser l’un de vos bacs pour y faire mes besoins. C’était agréable, je le reconnais, mais désormais j’irai dans ma caisse. J’espère que cette séparation entre les terrasses m’incitera à plus de respect. Je suis vraiment désolé.

Bien à vous ».
Nous avons pris connaissance de votre courrier la semaine dernière.

Nous ne sommes pas des aficionados de la boite aux lettres.

Je possède une dérogation médicale indiquant la mention «phobie administrative».

Cette dérogation me permet de m’y rendre une fois par semaine, si ce n’est par mois.

Lors de notre premier échange sur le balcon avec Monsieur, avait été très clair. Au bout de dix minutes de monologue sur divers aspects de la vie et de la résidence, il nous a avoué que la présence du chat posait soucis.

Le soir même, nous avons prévenu l’ouvrier de venir faire une séparation.

Malheureusement, « l’homme en bleu » était occupé par ailleurs. Il a fallu attendre quelques semaines qu’il se libère d’un chantier naval.

Le lendemain de cet échange sur le balcon, Monsieur, accompagné de Madame, êtes venus nous réitérer les mêmes propos que la veille. Cette conversation de pallier a eu lieu vers 19h30, alors que je revenais d’une journée exténuante de travail.

Monsieur a pris la parole pour reprendre le même laïus que la veille.

Dans la crainte de subir un monologue semblable à la veille, composé du même champ lexical, j’ai cligné des yeux à de nombreuses reprises.

La raison à cela?

A 19h24, j’avais plongé mon fils dans une baignoire alimentée par deux robinets indépendants, l’un fournissant l’eau chaude et l’autre l’eau froide. Si l’on ouvre que le robinet d’eau chaude, la baignoire vide se remplit en 20 minutes alors que 12 minutes suffisent pour la remplir en ouvrant seulement le robinet d’eau froide. Or, j’avais utilisé les deux robinets. Donc, je vous pose la question : combien de temps fallait-il pour remplir cette baignoire vide si l’on fait couler simultanément les deux robinet tout en prenant en compte le corps d’un enfant de 20 kilos pour 1m13 gesticulant de toute part?

Le problème est connu des plombiers.

Forcément, je n’ai pas pris le temps d’écouter votre « bis repetita » avec toute l’attention nécessaire.

Pourtant, il est vrai que vous vous m’avez inquiété pendant ces quelques minutes de soliloque.

Votre solide connaissance concernant la durée des travaux dans notre appartement m’ont interpellé. Vous avez eu le temps de me placer que nous avions fait 5 jours de travaux et vous un mois (me semble-t-il, je n’ai pas bien retenu cette information).

Travaillez vous pour la NSA? La CIA? Possédez vous la nationalité américaine? L’immeuble Feydeau possède-t-il de « grandes oreilles? ». Grand siècle est-elle gérée par la « grande muette »?

J’ai mené mon enquête auprès d’amis du ministère de l’Intérieur.

Ils m’ont rassuré.

Ils m’ont simplement indiqué que le voisinage tuait le civisme et que le radotage planait chez les personnes d’un certain âge.

J’ai moi-même des grands parents que j’affectionne particulièrement, de grands résistants, tous deux décorés pendant la seconde guerre mondiale.

Saisi par l’urgence de cette affaire scato-féline, j’ai immédiatement rappelé l’ouvrier pour qu’il fasse au plus vite.

L’heureux homme a trouvé un créneau.

Il a fait ce qu’il fallait.

Mais à priori, c’était un peu court.

Nous avons donc été estomaqué de voir que ce satané chat s’est à nouveau rendu chez vous.

L’horreur.

Nous aurions pu l’euthanasie immédiatement.

Le jeter dans le vide.

L’éventrer et ripailler autour de ses entrailles que nous nourrissons depuis plus de 15 ans.

Nous y avons pensé.

Mais nous n’avons pas pu.

Mais en réalité, nous aimons notre chat.

Alors, nous avons fait en sorte que ces quelques centimètres ne soient plus manquant.

Désormais, il ne peut plus passer par ce côté.

Revenons maintenant sur la conclusion de votre lettre.

Vous terminez par ces quelques mots « ce souci n’a d’égal que votre peu de souci de relation de bon voisinage ».

En bon catholique, il est très important d’aimer son prochain.

Nous aimons notre prochain et nous avons été heurté, au plus profond de nous même, par ces mots blessant. Je n’ose croire qu’ils aient été dictés par une forme d’être conscient. je dirai plutôt qu’ils semblent avoir été écrit « au jugé », un peu à la va vite, avec un peu de colère.

Heureusement, nous avons tout de suite réagi en nous servant un verre de Gewurztraminer.

Finalement, on a passé une très bonne soirée.

Figurez vous qu’avant avoir descendu notre bouteille de grand cru, il nous avait semblé détecter, dans cette phrase, un ton paternaliste tentant de jouer avec une forme inconsidérée de culpabilité.

Un homme peu éclairé aurait estimé qu’il s’agissait d’une forme de mise au point pour montrer une forme de domination.

Genre, on montre ses biscottos ou on tape avec une règle sur les doigts d’un élève.

Pour le bien de tous, il se trouve que je suis un homme éclairé.

Il me parait inconcevable qu’une telle forme de domination puisse fleurir dans l’esprit de voisins, tous propriétaires, jouissant des mêmes droits, tous égaux, tous citoyens, tous Français, et surtout tous Versaillais.

Cela serait non seulement inconcevable, mais en plus cela serait une erreur fondamentale.

Bref.

Nous espérons que notre chat ne viendra plus chez vous.

Nous n’aimerions pas que notre chat vienne salir votre immaculée terrasse avec ses poils fraichement brossés.

Sincèrement, nous ne souhaitons absolument pas vous déranger.

Ni vous, ni personne d’autre.

Le lieu est tranquille, laissons le comme tel.

En guise de conclusion, nous avons remarqué que vous aimiez envoyer des courriers à Foncia.

Nous vous laissons leur transmettre celui-ci à votre guise.

Sachez juste que ce sont des gens très occupés.

Ayant une profession d’utilité publique et très accaparante, je ne me vois pas déranger ces braves gens avec des enveloppes, des lettres, des timbres, de la colle, du scotch, de la bave ou je-ne-sais-quoi d’autre à propos d’un félin récalcitrant souhaitant vagabonder au délà de limites légales qu’il aurait du mal à comprendre.

Ceci dit, je ne suis pas au courant de votre rapport avec les timbres, colle, scotch etc.

Si vous leur transmettez, sachez que ce courrier terminera dans une liste de lettres qualifiées d’« amusantes ».

Des salariés à l’humour coquin n’hésiteront pas à la photocopier ou la scanner pour la diffuser à gogo à des amis.

Il ne fait nul doute qu’elle finira dans un recueil de lettres que les éditions du Cherche Midi diffuseront un jour ou l’autre pour se faire un peu de beurre.

En vous souhaitant une belle soirée,

Cordialement

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