voir la vie en couleurs? Significations

À force de les voir, on ne les voit plus. Et pourtant ! Les couleurs ont une véritable symbolique dans l’Histoire. Elles ne sont pas anodines. Elles véhiculent des codes, des tabous, des préjugés auxquels nous répondons sans le savoir. Les couleurs sont mobiles : leurs significations varient dans le temps. Dans l’antiquité, il n’existait que trois couleurs importantes : le ROUGE, le NOIR et le BLANC.
Cela a changé. Ce n’est pas pour rien si elles arpentent notre vocabulaire : « je vois rouge », « je ris jaune », « je vois la vie en rose ». J’ai fait quelques recherches sur l’origine de ces couleurs notamment chez Michel Pastoureau. Je vous livre ici, un résumé afin de comprendre : pourquoi et comment elles ont évoluées.

BLEU

Le bleu, l’histoire : Le bleu est une couleur sage, insignifiante. Elle est la plus consensuelle et la plus utilisée en Europe. On n’en trouve aucune trace dans les grottes du paléolithique et néolithique. A Rome, le bleu était une couleur négative. Les yeux bleus pour une femme était signe qu’elle menait mauvaise vie. Dans la bible : aucune trace du bleu ! (Sauf pour les Saphirs). Bref : pas de bleu.

Apparition du bleu : Au XII et XIIIe siècle. Même si il est présent partout dans la nature (ciel, mer), le bleu est difficile à fabriquer. C’est la religion qui va donner ses lettres de noblesse au bleu ! Le ciel est divin et la lumière devient BLEUE ! Le ciel notamment. Les catholiques sont de grands coloristes en plus. Et puis, au XIIem siècle, on commence à vouloir classifier les gens, leur donner des signes d’identité, de reconnaissance. Le bleu devient le contraire du rouge. Avant le moyen-âge, le bleu est plus féminin que masculin. Après, cela changera.

Economie : Le bleu relance l’économie. Il faut tout repeindre, construire, élaborer pour vendre des statuettes, des vêtements etc. Les vitraux doivent parfois être repeints en bleu, ce qui lance la guerre entre le bleu et le rouge. Les peintres protestants, qui n’aiment pas les couleurs vives (Rembrandt), participent à la vente du bleu.

Politique : Elle s’éloigne du rouge (PS, communistes) et du blanc (monarchie). C’est donc naturellement qu’elle devient le symbole des conservateurs. LR est bleu.

Symbolique : le bleu est omniprésent ! Bleu des jeans, bleu des ouvriers, etc. C’est la couleur la plus consensuelle qui existe. À force d’être partout, elle a pris cette signification : je veux me fondre dans la masse.

ROUGE

Le rouge, l’histoire : C’est l’inverse du bleu. Une couleur orgueilleuse, pétrie d’ambition. Son histoire est celle du sang, du feu, de la violence, du pouvoir. Elle est la seule à avoir existé du temps du néolithique avec le BLANC et le NOIR. C’est une couleur pleine de dualité : guerre et sang, amour et passion.

Apparition du rouge : C’est la couleur des armoiries des chevaliers, une couleur chère, qui est impossible d’acheter pour les roturiers. Les papistes en ont fait leur couleur. À partir du XIVe siècle, les hommes ne s’habillent plus en rouge ! Au moyen âge, le rouge, autrefois masculin, sera attribué aux femmes. Les hommes récupèrent le bleu. On en a les traces aujourd’hui : bleu pour un petit garçon, rose pour une fillette. Les femmes s’habillent en rouge pour leur mariage.

Politique : Le rouge, c’est le drapeau des communistes. Au départ, au XVIIIe siècle, on dresse un drapeau rouge lorsqu’il y a des émeutes ou des rassemblements pour les interdire. Le rouge est ambivalent : rouge aristocratique puis rouge prolétaire.

Symbolique : Aujourd’hui, c’est toujours un symbole fort : panneau d’interdictions, feu rouge, père Noël… On ne la trouve pas naturellement dans la nature et on imagine mal un ordinateur rouge, ou bien un frigidaire rouge.

BLANC

Le blanc, l’histoire : C’est une couleur depuis le paléolithique. Les animaux étaient blancs. Le blanc est associé à la pureté, l’innocence, la virginité, la paix. Et au divin ! Dieu n’est-il pas décrit comme une grande lumière blanche? Le Big Bang n’est-il pas une explosion de lumière? Les souverains de l’époque féodale n’ont-ils pas des panaches bancs signe du divin? Au XVIIIe siècle, la mariée, autrefois en rouge symbole de l’aristocratie, se marie en blanc, rejoignant les codes bourgeois. C’est la couleur hygiénique par excellence : les baignoires, wc, frigo etc sont blancs.

Socialement : Le blanc aristocratique, c’est l’opposé du mate du paysan. Le blanc est un signe de caste sociale. AU XVII et XVIIIe siècle, les aristocrates s’enduisaient le visage d’une crème blanche pour lutter contre le soleil. Et l’homme blanc? Est-il vraiment blanc? Non, il est beige. On utilise le terme blanc sans doute pour rejoindre le côté divin, ou plutôt innocent.

VERT

Le vert, l’histoire : Ah ! le vert! Les numéros verts ! Les écolos verts ! Les classes vertes ! Les prix verts ! Que c’est beau et doux le vert ! Et bien non !
Dans l’histoire, le vert est une couleur dangereuse et instable ! Une couleur fourbe qui possède une histoire peu franche !

Instable : Pour composer le vert, partout présent dans la nature, c’est compliqué. Les composants sont chimiquement instables. Elle tient mal sur les peintures, les vêtements. Symboliquement, le VERT représente tout ce qui bouge, change, varie. C’est pour cela que c’est devenu la couleur des jeux, du destin, du sort, de la chance (et malchance), des bouffons, des jongleurs, des chasseurs.

Economie : le Dollar est vert. Pourquoi? Parce qu’il était déjà associé aux jeux d’argent.

Le vert ? Ecolo ? Vraiment ? : Jusqu’au XVIIIe siècle, la nature était surtout définie par les quatre éléments : le feu, l’air, l’eau, la terre. Seul le vocabulaire suggérait une relation entre le vert et la végétation : le mot latin viridis associe l’énergie, la virilité (yir) et la sève. Mais, dans nombre de langues anciennes, on confond le vert, le bleu et le gris en un même terme, la couleur de la mer en somme (c’est encore le cas en breton moderne, avec le mot glas). C’est peut-être l’islam primitif qui, le premier, a associé vert et nature : à l’époque de Mahomet, tout endroit verdoyant était synonyme d’oasis, de paradis. On dit que le Prophète lui-même aimait porter un turban et un étendard verts. Cette couleur est devenue emblématique dans le monde musulman, ce qui a contribué peut-être à la dévaloriser aux yeux des chrétiens dans les périodes d’hostilité. Aujourd’hui, le vert des poubelles, « se mettre au vert » etc ont permis au vert de se refaire une couleur. Mais n’oublions pas les origines de cette couleur !

JAUNE

Le jaune, l’histoire : C’est la couleur la moins aimée : trahison, apatridie… Le jaune, c’est la couleur de l’étoile jaune, des feuilles qui meurent, de Judas. Les Romaines aimaient le jaune. En Asie, en Amérique Latine, la jaune est valorisé. Chez nous, le jaune est mal aimé car la symbolique du soleil, de l’argent, de la lumière de l’extension de la vie a été absorbé par l’OR. Dans l’imagerie médiévale, les méchants sont vêtus de jaune. Dans les peintures, elle désigne systématiquement l’infamie, la trahison. « Le rire jaune ».

Les peintres impressionnistes : Il faudra attendre que les impressionnistes, avec leurs champs de blés, leurs tournesols redonnent un semblant de vitalité au jaune pour le revaloriser. Le développement de l’électricité y contribue également.

Disparition de l’OR : Au XXem siècle, l’or est dévalorisé à cause des moralistes protestants qui détestent le faste et les apparats. Le jaune revient donc dans le jeu : séparation de La Poste (jaune) avec les Eaux et Forêts (vert), maillot jaune du tour de France, tenues de sports jaunes. On n’y est pas encore, mais le jaune revient petit à petit. Et possède une grande marge de manoeuvre.

NOIR

Le noir, l’histoire : Dans la bible, le noir est associé au deuil, aux difficultés, aux défunts, au monde souterrain. Mais c’est aussi celui de l’austérité, de la ferveur, comme celle des moines. AU XIVem siècle, les Italiens font la chasse aux couleurs vives et la fabrication du noir (complexe) se simplifie. Le noir devient à la mode chez les ecclésiastiques et chez les princes (Luther, Charles Quint).

Noir et blanc! La haine ? Absolument pas. C’est l’invention de la photo et de du film en noir et blanc qui a créé cette opposition. Les deux couleurs sont à part dans la sémantique. Mais il existe d’autres oppositions de couleurs tout aussi légitimes : rouge et jaune, brun et gris, noir et jaune…

VIOLET

Les autres couleurs sont des demi-couleurs tirées des principales.

Le violet est la couleur de la pénitence, de l’Avent, du Carême. C’est un demi-noir qui a fini comme étant le symbole des évêques.

ROSE

C’est un rouge dépouillé de son côté guerrier. AU XVIIIem siècle, le rose est devenu tendresse, féminité. A un moment donné, on l’a utilisé comme couleur pour les homosexuels, ce qui était péjoratif. Ils ont préféré l’arc-en-ciel pour montrer toutes les teintes de la sexualité et l’ouverture d’esprit.

BRUN

C’est la moins aimée des couleurs. Elle représente pourtant la nature, le bois, la terre. Mais on y voit la saleté, la pauvreté. Regardez « Le Nom de la Rose » et vous y verrez des moines en brun : le vœux de pauvreté.

GRIS

On y voit l’âge, la vieillesse, la tristesse, l’ennui et presque mort. Et pourtant, c’est une demi-couleur pleine de sens. C’est celui de la sagesse, l’espérance, le bonheur. Goethe y voyait autre chose. Pour lui, la couleur qui réunissait toutes les autres n’était pas le blanc ou le noir mais le gris qu’il qualifiait de couleur « moyenne » avec un grand nombre de nuances.

ORANGE

C’est la vitalité mais aussi une couleur peu franche et franchement laide. BIM !

Et des couleurs, combien en voyons nous?

Selon les experts, l’œil humain est capable de distinguer 180 à 200 nuances de couleurs. Donc les écrans avec des millions de couleurs…. C’est de l’arnaque. (Ecrit en vert pour la duplicité)

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